mardi 2 septembre 2014

Lognes, cité-jardin

Naturellement la ville évolue, mais cette évolution peut être positive ou négative. Les constructions récentes peuvent se répartir entre ces deux tendances. Certaines rajeunissent l'image urbaine et s'insèrent avec bonheur, tandis que d'autres viennent détruire notre cadre de vie.

Nous allons montrer cette évolution, et donner quelques exemples.

Mais d'abord, rappeler les qualités et l'ambition de notre ville.

La création des Villes Nouvelles date des années 1960 avec le Plan Construction Architecture de Paul Delouvrier et le premier Schéma d'Aménagement de la Région parisienne. C'est aussi la création du Réseau Express Régional.
En 1980, il fallait développer l'est parisien : parmi les Villes Nouvelles, Marne la Vallée se distingue par un choix d'urbanisme particulier : il s'agit de créer une grappe de Centres urbains. Dès le début c'est un urbanisme multipolaire sur un modèle suédois, que devra accompagner la construction de l'Autoroute de l'Est et le RER A vers l'est. Notez que les dessertes sont pensées en même temps que l'urbanisation, ce qui est un luxe malheureusement rare. Comme toutes les Villes nouvelles de ce plan, MLV commence par un déficit d'emploi, qui rend les débuts (Noisy le Grand) difficiles. L'arrivée de Disney coïncide avec celle des Boat-people asiatiques et la construction de Lognes. A ce moment, l'architecture post-moderne de citation de Ricardo Bofill ne fait plus recette et l'urbanisme de dalle est critiqué pour son manque d'urbanité. Une nouvelle génération d'architectes va, à Lognes, réinventer la cité-jardin. Les bâtiments sont répartis dans une trame verte de passages piétons arborés. C'est un grand moment pour le paysagisme et l'architecture française, qui profitera des concours pour faire éclater une génération de nouveaux talents. Dans le monde entier, on saluera ce renouvellement de la ville française.

De cette époque, Lognes reste le témoin privilégié parce qu'il a bien évolué, grace entre autres à la présence asiatique et parce que sa conception était généreuse. Généreuse par les espaces verts, par la desserte facile, par les tracés amples et inspirés du paysage, de l'urbanisme et de l'architecture, par l'idée de réconcilier la pratique et la santé, ce qu'on a appelé la qualité de vie. Cette générosité n'a malheureusement pas été comprise des édiles successifs, qui n'ont pas cessé de gérer au jour le jour ce patrimoine. Cette générosité risque aussi de ne pas survivre à l’égoïsme des fermetures : le plan général était de construire la ville dans un parc. Les constructions d'origine sont traversantes et l'espace y est partagé. Quand on le ferme, comme dans toutes les nouvelles constructions autorisées par la Mairie, on le rétrécit deux fois : on diminue la ville et on la rend plus dure. On voit le cercle vicieux de la "résidencialisation" des parkings privés, toujours à moitié vide tandis que ceux qui restent publics se saturent de plus en plus.
Lognes se mérite, et mérite d'être bien traitée : c'est une ville savante, au dessus des intérêts privés : un exemple rare de lieu urbain entièrement planifié et dont l'esprit doit être sauvegardé.

30 ans après : qu'est-ce qui mérite d'être défendu et quelles sont les menaces à écarter ? Un débat peut s'ouvrir, et il serait bon qu'il soit public : que garde-t-on ? que développe-t-on ? Le fait de vivre dans un parc, avec des traversées piétonnes multiples ou l'enfermement dans des citadelles fermées ? Le fait de pouvoir circuler en voiture facilement, depuis les autoroutes, sans embouteillages et en se garant sans difficulté ou le fait de disposer d'un garage privé et d'aller dans des endroits où le stationnement est réglementé ? Le fait de rester une ville aérée ou de grossir ? Le prolongement des cheminements d'origine ou l'abandon de ceux-ci pour de nouveaux plans, plus urbains ? Le fait d'avoir des architectures avec des prétentions (arcades, duplex, portiques ... ) ou de devenir plus consensuels ? Voilà ce qu'on aurait aimé voir expliquer lors des élections municipales. Voilà ce que nous allons illustrer.